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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 18:10

Les deux potentiels « bénéficiaires » du recours en grâce présidentielle adressée  au « Chef de l’Etat » par la Commission Indépendante contre la Corruption et la Discrimination (COMICODI) présidé par SHANDA Tonmé ont diversement réagi à l’initiative. Lapiro de Mbanga de son vrai nom Lambo Pierre Roger dès le lundi 22 mars 2010 c'est-à-dire quelques heures plus tard, du fond de sa cellule 18 à la prison centrale de New-Bell, a lancé sur un ton héroïque : « je ne veux pas de la grâce présidentielle. Je n’en ai pas besoin. Tout ce que je veux, c’est que mon dossier aboutisse à la Cour Suprême. D’autres personnes, surtout celles qui ont occupé de dix ou quinze ans en ont plus besoin que moi ». Paul Eric KINGUE l’ex-maire de Penja quant à lui plus réservé a attendu plusieurs jours passés pour laisser entendre le jeudi 25 mars qu’il n’est « pas opposé à l’idée de la grâce présidentielle » parce que « innocent »,  « cette démarche reflète la volonté d’une grande majorité de camerounais », et entend de ce fait être « réhabilité dans ses droits ».

 

Dans ce communiqué précatif, le COMICODI n’a pas manqué de souligner entre autres au « Chef de l’Etat », que ces « deux personnalités constituent dorénavant une sorte de plaie béante que seule votre haute décision en vertu de vos larges pouvoirs consacrés par la constitution permettrait de refermer » et a insister sur « les témoignages contradictoires, les rétractations des témoins, les soupçons de règlement de compte, la remise en cause de certaines preuves qui jettent le doute sur des condamnations prononcées contre ces deux compatriotes », pour motiver sa démarche de demande de grâce. Afin que nul n’en ignore,  la grâce est une faveur reconnue au Chef de l’Etat par la constitution, en vertu de laquelle un individu reconnu coupable et définitivement condamné se trouve soustrait, en tout ou en partie, à l’application de la sanction.

 

A toutes fins utiles, il est à rappeler que pour « les faits de pillage en bande » relatifs aux émeutes de la faim de février 2008, Lapiro de Mbanga s’est pourvu en cassation devant la Cour Suprême du Cameroun après s’être vu condamné le 24 septembre 2008 en premier ressort par le Tribunal de grande instance du Mungo à 3 ans de prison ferme et à 28 millions F Cfa de dommages-intérêts, confirmé par la Cour d’appel du Littoral. Pour des faits similaires, Paul Eric KINGUE a interjeté appel de la décision du Tribunal de grande instance du Moungo le condamnant à 6 ans d’emprisonnement ferme assortie d’autres condamnations pécuniaires.

 

Dans l’opinion publique nationale et même internationale les avis divergent quant à savoir si cette « demande de grâce » introduite par une association autre que les « intéressés » eux-mêmes qui n’ont rien demandé va connaître une suite favorable. Parmi les courants de pensée  qu’il convient ce jour d’appeler les « pessimistes », Me Jules BINYOM, l’un des ténors du Barreau du Cameroun, habitué des procédures pénales complexes note, que pour prospérer, une « demande de grâce doit obéir à des conditions » parmi lesquelles « la qualité pour agir » et « le caractère définitif de la décision passé en autorité de chose jugée » or, dit-il  pour l’espèce, « bien que ayant intérêt, cette association (COMICODI :Ndlr) fait défaut de qualité » car « il n’est fait mention nulle part dans le recours d’une procuration émanant des deux personnalités » et en plus «  leurs affaires sont encore pendantes devant les juridictions de la république » donc cette « demande de grâce est même prématurée ». Par conséquent, « le Président ne peut se permettre de prononcer la grâce ».

 

Chez les « optimistes » par contre, c’est un autre son de cloche. Me NKENNGNI TCHILIEBOU V.S. Avocat expérimenté en droit pénal et procédure, fait constater que « le recours en grâce n’est pas une procédure judiciaire ordinaire » et qu’«il n’est soumis à aucune forme particulière et peut être formé par le condamné lui-même, par l’Avocat et même par toute personne ayant un intérêt fut-il matériel ou moral » donc « la qualité ici n’est pas substantielle». Il reconnaît tout de même que « les condamnations des deux personnalités ne sont pas encore définitives » mais pense que tout « relève du bon vouloir souverain du Prince qui peut passer outre » encore que, précise t-il, « exceptés l’article 8 alinéa 7 de la constitution qui confie cette prérogative au Chef de l’Etat et l’article 66 du Code pénal qui se limite à la définir, la grâce n’est liée par aucun texte » or, « en droit, ce qui n’est pas interdit est permis ». Par conséquent, «  le Président peut éventuellement se permettre de prononcer la grâce ».

 

A vrai dire, seul le Chef de l’Etat est en même comme il est demandé dans la correspondance, de trancher ce débat juridique de haute qualité ce 20 mai 2010 dans le sens de l’histoire, en saisissant la perche que lui à tendu la COMICODI. D’ailleurs, dans son discours de fin d’année 2009, le Chef de l’Etat avait lui-même dit à la nation que le 20 mai 2010 marquant le cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun en plus d’être historique, serait l’occasion pour tous les fils et filles de ce pays sans discrimination aucune de «se réconcilier avec leur histoire» avant d’entrée dans un nouveau cinquantenaire. Wait and see !

Par Valentin CHUEKOU

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Published by CHUEKOU Valentin
16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 18:07

Trop c’est trop ! « Vendetta au quartier Nkongmondo à Douala », « expédition punitive à Limbé »,  « massacre à Mamfé », « carnage à Bertoua », « règlement de compte à Kumba », « représailles à Douala », « exactions à Foumbot » et tutti quanti. Tels sont les hauts faits d’armes du BIR qui  font malheureusement la une de nombreux medias au quotidien. Ces dérives de plus en plus fréquentes dans les rangs du Bataillon d’Intervention Rapide ternissent peu à peu les prouesses héroïques dont à fait montre cette unité d’élite dans la lutte contre toute forme de grand banditisme et effritent l’espoir et le capital confiance que les populations leurs avaient crédités à leur genèse. Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés là ?

 

Chacun y va de son opinion. Lors d’une émission interactive de grande audience « vide ton sac » en date du 11 mars 2010 sur radio Equinoxe émettant à Douala, dont le thème portait sur « l’exclusion des éléments du BIR », l’un des intervenants qui semblait maîtriser le sujet a mis en cause « les conditions de recrutement qui prescrivent le niveau d’entrée au CEP d’où l’immaturité d’esprit de ces jeunes dans les actes posés, ensuite les modalités de recrutement qui en plus d’être tribalisés, bâclent les enquêtes de moralité pourtant importantes pour ce type d’unité spéciale, enfin l’assurance d’invincibilité et d’intouchabilité à eux inculqué par les pouvoirs publics géniteurs de ce corps, qui restent flegmes face aux actes délictuels posés ». Au sein de la grande muette, des voix s’élèvent également sur la question. Un adjudant-chef du 21ième bataillon blindé de reconnaissance(BBR) sous anonymat fait savoir que « ces enfants sont trop zélés, ils n’aiment pas se mêler à nous (d’autres miliaires de profession: Ndlr) et pensent qu’ils sont meilleurs que nous, or, nous avons du métier, plus de maîtrise et le respect des citoyens que nous avons l’honneur de protéger et de défendre».

 

Cette attitude cavalière et grandiloquente d’opprimer à tout bout de champ les populations qu’il est censé protéger, a fait du BIR un caillou dans la chaussure des vaillantes forces armées du Cameroun. La discipline étant la force des armées, il convient donc face à cette situation exceptionnelle de déshonneur et de discrédit sur l’ensemble des armées, que des mesures exceptionnelles soient prises pour rappeler à l’ordre ce corps d’élite qui se délite, parce que à cette allure, si rien n’est fait il y’a des craintes sérieuses que ces hommes puissamment armés et forts gracieusement payés par l’argent du contribuable, glissent inexorablement vers le « syndrome guinéen ».

 

C’est en cela que la récente sortie musclée du Ministre de la défense, Edgard Alain Mebe Ngo’o sonnant le tocsin de la fin de recréation du BIR est louable, salvatrice et mérite à juste titre d’être encouragé et soutenu. Sans état d’âme et avec la rigueur qui lui sied, ce haut commis de l’Etat dans un ton martial, a, en date du 15 mars 2010 porté l’estocade sur les remparts du BIR avec la signature d’un communiqué de presse dans lequel : «… les sanctions disciplinaires ci-après ont été établie, sans préjudice des poursuites judiciaires en cours :

-  20 jours d’arrêts de rigueur aux 3 officiers chargés de l’encadrement des militaires impliqués pour négligence dans l’exercice de leurs fonctions d’encadrement.

- 45 jours de prison à l’encontre des 13 militaires de rang impliqués dans les exactions, assortis d’une radiation définitive des effectifs des Bir

- 60 jours de prison et traduction devant le conseil de discipline pour les trois militaires du rang reconnus comme principaux instigateurs assortis d’une radiation définitive des effectifs des Bir». Le message est on ne peut plus clair! Les militaires, fussent-ils du BIR ne jouissent d’aucune immunité mais aussi et surtout d’aucune impunité.

 

Mais, ces sanctions semblent ne pas produire les effets escomptés. Dans le désormais bras de fer qui les oppose au MINDEF, certains éléments cinglés du BIR pourtant permissionnaires pour d’autres et en congés pour certains, 4 jours seulement après la sanction du MINDEF, se sont, semble t-il sous l’ordre du concessionnaire du marché de Kumba et avec la bénédiction du préfet de la Mémé, substitués aux collecteurs d’impôts de ladite ville pour massacrer les « benskinnneurs»de Kumba et confisqué leur moto restituable contre paiement d’une rançon de 2000 F CFA. Sacré BIR !

 

Thierry NJIFEN, secrétaire général de l’association de défense des droits de l’homme « Droit au Droit » « regrette et condamne  ces agissements », « salue la mesure du MINDEF » et « émet des réserves » sur «  l e communiqué du MINDEF qui ne nomme pas les intéressés comme il est d’usage » et estime qu’ « il doit aller plus loin ». En outre, il pense que « les révocations doivent être systématiques tant chez les encadreurs que chez les soldats» à  chaque bourde et que pour une bonne équité, « les populations victimes doivent être intégralement dédommagées en réparation des lourds préjudices subis et ce sera justice ».

Par Valentin CHUEKOU

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Published by CHUEKOU Valentin
16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 18:02

Le spectacle désolant des convois humanitaires de rationnement en eau potable à la « haïtienne » en plein cœur de Yaoundé capitale politique du Cameroun est symptomatique de la sévère crise de l’eau qui y sévit. Les chiffres du Ministère de l’Eau et de l’Energie (MINEE) publiées dans le quotidien Cameroon tribune daté du 04/02/2010 sont alarmants. En ce qui concerne « Douala : demande=280 000 m3/j, offre=115 000 m3/j, déficit=165 000 m3/j » tandis qu’à « Yaoundé : demande=150 000 m3/j, offre= 97 000 m3/j, déficit=53 000 m3/j ». Cette même source révèle que « les villes d’Edéa, Bertoua, N’Gaoundéré et bien d’autres » ne sont pas en reste.

 

L’ALERTE

Il fait donc l’ombre d’aucun doute que la pénurie généralisée d’eau potable sur l’étendue du triangle national ne présage pas un avenir radieux tant les indicateurs sont au rouge et l’urgence signalée. Il est de triste souvenir qu’en février 2007 en des circonstances similaires de pénurie alimentaire saupoudrée à l’inertie gouvernementale, le Cameroun a de peu failli basculer dans le chaos suite aux émeutes de la faim qui a ébranlé le pays presque tout entier. En effet, de milliers de jeunes, le ventre creux, l’estomac au talon, guidés par la faim envahirent les rues pour exprimer leur mal-être et la suite on le sait : « répression dans le sang pour les moins chanceux », « emprisonnement pour les chanceux » et « guerre de chiffres pour les survivants ». Mais a-t-on suffisamment tiré des leçons de ces tristes évènements ?

 

Certainement pas. La situation que vivent les ménages dans les villes de douala et Yaoundé depuis plusieurs mois en témoigne. D’après PINLAP E. habitant du quartier Makèpe à Douala, « il n’ya plus d’eau à la maison depuis près de 3 mois, pour en trouver il faut parcourir près de 2km jusqu’à la source non aménagée ». Quant à TCHAYA M. du quartier Nkolbisson à Yaoundé, « il faut être débout de bonheur pour espérer faire le plein des bidons de réserves à défaut on se soulage dans les puits d’eau avoisinants ».

 

LES CAUSES

Face aux plaintes récurrentes des populations sur la rareté de l’eau potable, les 2 acteurs du secteur consacrés par le lettre de politique d’hydraulique urbaine d’avril 2007, en l’occurrence la Cameroon Water Utilities Corporation (CAMWATER) de droit public et la Camerounaise des  Eaux (CDE) de droit privé, chargés pour la première de la recherche des financements et de l’amélioration de l’offre et pour la seconde d’approvisionner et de vendre l’eau aux consommateurs, se justifient en faisant valoir les causes de la pénurie qui selon eux sont de deux ordres. L’une, « conjoncturelle » notamment « le réchauffement climatique, la sécheresse, les branchements frauduleux et la destruction des tuyaux pour cause d’aménagement de la voirie publique ». L’autre, « structurelle » en l’occurrence, « l’expansion et l’accroissement démographique, les constructions anarchiques et la vétusté des équipements ».

 

Ces arguments sont de mauvais aloi car il est de mémoire que la reforme de l’ex-SNEC reste le plus long processus de privatisation qu’ait jamais connu le Cameroun de mai 2002 à juillet 2008. L’on sous-entend que, comme il est d’usage dans ce type de processus, l’administration provisoire a eu le temps nécessaire durant cette longue période de restructurer, réhabiliter,  viabiliser et mettre en état tous les équipements avant leur cession à l’acquéreur privé. Une fois de plus l’inertie et les intérêts particuliers auraient pris le pas sur l’intérêt commun de tous les camerounais.

 

LES RISQUES

Quoiqu’il en soit l’Etat semble ne pas percevoir et mesurer l’ampleur de la crise et reste insensible à la grogne des populations. Les lecteurs des saintes écritures notamment le livre d’Exode en son chapitre 17 ont connaissance de la révolte du peuple d’Israël lors de la traversée du désert de Sin contre leur guide Moïse à cause de la soif qui les tenaillait. Par conséquent, si des solutions adéquates ne sont pas prises à temps, il est fort probable que le peuple du Cameroun en proie à la soif dans son interminable traversée du tunnel désertique ne se révolte contre son guide chantre des grandes ambitions, pour réclamer de l’eau à boire. Tout est-il pour autant perdu pour le pays d’Obouh Feugue?

 

 

L’ESPOIR

Le MINEE Mickael TOMDIO, dans un point de presse à la veille de la toute première conférence internationale sur l’Energie et l’eau (CIEW), a rassuré en répondant à cette question par un exposé des atouts dont dispose le Cameroun pour juguler la pénurie, « des ressources naturelles et humaines importantes », « un climat politique et social stable » et « une population éduquée ». Par ailleurs, dans le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi, l’Etat s’est fixé l’objectif d’« assurer un environnement durable » aux citoyens en « augmentant la proportion des populations ayant accès à l’eau potable » pour faire passer ce taux d’accès actuellement de « 43,9%  à 72,1% en 2010 » et « 75% en 2015 ». La construction des stations de captage d’eau à Ayato sur le fleuve Mungo  bientôt opérationnelle et sur la Sanaga rentrent dans la mise en œuvre effective de ces objectifs initiés par l’infatigable NGAKO TOMDJIO et la CAMWATER « sous haute instruction du chef de l’Etat », dans le but de porter la capacité de production de « 105 000 m3/j à 280 000 m3/j à Douala », de « 100 000 m3/j à 150 000 m3/j à Yaoundé », de « 2 000 m3/j à 5000 m3/j à Edéa et Bertoua » et « de 6000 m3/j à 12 000 m3/j à N’gaoundéré ».

 

Le décret n° 2010/0239/PM du 26 janvier 2010 fixant les modalités d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux communes en matière d’alimentation en eau potable dans les zones non couvertes par le réseau public de distribution de l’eau concédé par l’Etat, vient à point nommer compléter la loi n° 98/005 du 14 avril 1998 portant régime de l’eau qui confie la gestion exclusive de l’eau à l’Etat, qui en fonction de l’urgence « …peut transférer tout ou partie de ses prérogatives aux collectivités territoriales décentralisées ». Cette mesure permettra une politique participative d’adduction d’eau de proximité.

 

Enfin, l’implication très salvatrice des acteurs privés tels les ONG (GTZ, SCANWATER…), les entreprises citoyennes (les Brasseries, CHOCOCAM, SPN…) et les particuliers dans la production et la distribution de l’eau potable dans nos villes et villages est non négligeable.

 

Tout compte fait, le dernier mot revient au MINEE, qui doit prendre à-bras-le-corps le problème de pénurie d’eau en jouant le rôle de tutelle qui est le sien par la définition et la mise en œuvre des politiques efficientes d’adduction, de production, de distribution et de gestion d’eau sur toute l’étendue du territoire.

 

Par Valentin CHUEKOU

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